COIN-COIN JEUNESSE Mytho animaux
C’est un véritable «manuel de défense contre les bêtises des adultes » qui remet les pendules animales à l’heure. L’album Mytho animaux – Stop les intox déconstruit pour les plus petit.e.s certaines idées qui circulent sur nos amies les bêtes. Simple, efficace, et en une double page: à droite, une idée reçue et, à gauche, l’explication scientifique. Pas bête!
Autrefois sévissait la rumeur, des «informations» qui se transmettaient de façon anarchique, non vérifiées et déformées peu à peu de bouche en bouche. C’est ainsi que sont nées les croyances populaires, les superstitions, les légendes urbaines fondées sur… du vide. L’ère du numérique facilite la propagation des rumeurs, complots et autres fake news à vitesse grand V. Dans une société où la jeunesse a tendance à croire quelques lignes postées sur les réseaux sociaux au lieu d’une information délivrée par un.e journaliste ayant vérifié ses sources, Agatha Liévin-Bazin, Maxime Pineaux et Charlotte Molas dans Mytho animaux – Stop les intox ont souhaité écrire un ouvrage à destination des enfants pour déconstruire bon nombre de croyances populaires sur les animaux en rétablissant une vérité argumentée et scientifique.
26 chapitres pour tordre le cou aux croyances populaires
Dès la dédicace de l’album, le ton est donné et la volonté des autrices et de l’auteur clairement annoncée: «Aux colporteurs de bobards, pour nous avoir fourni l’inspiration pour dix autres livres […] un manuel de défense contre les bêtises des adultes».
Au risque d’en décevoir certain.e.s ici: non, les oiseaux ne nettoient pas les dents des crocodiles. Les autruches ne mettent pas la tête dans le sable pour se cacher; les ratons laveurs ne lavent pas leur nourriture; les fourmis ne travaillent pas tout le temps; les pies ne chipent pas tout ce qui brille, et les éléphants ne rejoignent pas un cimetière caché pour mourir…
Ancrées dans les esprits et passant de génération en génération, ces croyances sont le fruit d’une transmission orale qui remonte à l’Antiquité, époque où les observations se faisaient sur la base de ce qui se racontait. Il est bien connu que, quand on raconte une histoire à quelqu’un.e qui la raconte à quelqu’un.e, elle s’en trouve quelque peu modifiée au fil des versions…
Aujourd’hui, l’accès à l’information est instantané. Quoi de plus facile quand on cherche une information que d’aller regarder sur Internet? Car c’est bien contre les dangers d’Internet que les autrices et l’auteur nous mettent en garde: «Vidéos truquées, erreurs d’interprétation,… sans spécialiste pour nous expliquer, il y a un gros risque de se tromper!»
De la même manière, les dangers de l’anthropomorphisme* sont soulignés: «C’est par exemple le cas de la vidéo du loris lent qui lève les bras quand on le gratte comme s’il aimait les chatouilles, alors qu’en vérité il se défend en montrant ses glandes venimeuses.»
Avec beaucoup d’humour, une mise en pages aérée et un dessin naïf et coloré, ce documentaire s’efforce de défaire les idées reçues. Chaque double page est conçue de la même manière: page de droite, une idée reçue (un récit de l’Antiquité, une lettre, un commentaire sur Internet,…) puis, page de gauche, une explication scientifique qui déconstruit la croyance erronée.
26 chapitres pour développer le goût des enfants pour les sciences
L’intérêt de ce documentaire réside aussi dans l’apport scientifique étayé qu’il propose. Si la volonté est de divertir par l’usage d’un humour qui ravira les 9-12 ans, elle est aussi d’instruire, mais surtout de développer l’appétence pour les sciences en les rendant accessibles à toutes et tous. Le livre est d’ailleurs en partie dédié aux scientifiques, à celles et ceux qui donnent envie de s’intéresser aux sciences: «Aux passeurs et passeuses de sciences qui ont aiguisé notre sens critique […]».
Dans chaque chapitre, le lecteur enrichira ses connaissances sur un sujet scientifique en lien avec les animaux grâce aux connaissances théoriques, rendues accessibles à un jeune lectorat en lui démontrant que les sciences ne sont pas ennuyeuses. Voilà une bien belle idée pour développer chez les enfants l’appétence de l’esprit critique par le biais des sciences.
Corinne Gili
@quatriemedecouverture
- L’anthropomorphisme désigne la tendance à attribuer aux animaux et aux choses des réactions humaines.
Mytho animaux – Stop les intox de Agatha Liévin-Bazin, Maxime Pineaux et Charlotte Molas, éditions Saltimbanque, 2023, 60 pages, 16€.
Sur les autrices et l’auteur
Agatha Liévin-Bazin est docteure en éthologie, spécialiste de la vie sociale chez les oiseaux et vulgarisatrice scientifique. Egalement autrice et illustratrice, elle parle d’animaux sous divers formes: livres, conférences, animations grand public, expositions…
Illustratrice, Charlotte Molas s’est longtemps dédiée à ses expositions, et a collaboré avec de nombreuses agences de presse. Elle a illustré des affiches, des packagings, ainsi que des articles pour le magazine Elle ou le Monde. Elle est également l’illustratrice de plusieurs livres notamment Océanomania, Joséphine Baker une danseuse libre, la Mode en question, etc.
Maxime Pineaux est un jeune chercheur en biologie. Après avoir obtenu son doctorat à l’université de Toulouse, il continue ses recherches tout en faisant partie d’une troupe de théâtre qui met en scène des pièces de vulgarisation scientifique. Il y est formateur, acteur, également auteur.
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